Comme promis, voici la deuxième partie du récit consacré à cette belle aventure en Islande. Comme je vous le disais dans le premier volet, j’en avais rêvé depuis bien longtemps. Si vous aussi avez des rêves (dans mon cas, on pouvait même parler de fantasme…), n’attendez pas qu’ils viennent à vous, vivez les ! Vous le savez : la vie est bien trop courte que pour simplement « espérer ». Mettez toutes les chances de votre côté et faites comme moi et beaucoup d’autres qui l’ont fait avant, foncez, vous ne serez pas déçu !
Mais vous êtes des petits chançards… Et vous savez pourquoi ? Car je vous ai déjà fait un peu la part du boulot ! Revivez ici la suite de mon aventure avec l’itinéraire, les photos, vidéos et les derniers conseils avant de vous lancer…
Enjoy ! 🙂
Itinéraire
Le trek de 55 km se décompose en quatre journées marquées par des refuges et zones de camping :
Départ | Arrivée | Distance | Dénivelé | Temps |
---|---|---|---|---|
Landmannalaugar | Hrafntinnusker | 12 km | 470 m | 4-5 h |
Hrafntinnusker | Hvangill | 18 km | -490 m | 5 h |
Hvangill | Emstrur (Botnar) | 11 km | -40 m | 6 h |
Emstrur (Botnar) | Þórsmörk | 15 km | -300 m | 6-7 h |
Cet article relate les 2 dernières étapes du trek. Retrouvez les 2 premières ici 😉
(1. Landmannalaugar – Hrafntinnusker)
(2. Hrafntinnusker – Hvangill)
3. Hvangill – Emstrur (Botnar)
Escapade sommitale
Bon, reprenons là où nous en étions : je suis à Hvangill, je viens de prendre ma première douche et il reste encore 2 jours de trek, si tout va bien. Avant de manger puis dormir et commencer le lendemain cette troisième journée, je décide d’aller crapahuter sur les hauteurs du site (situées au Sud), via un chemin assez vertical derrière la coulée de lave. Vous ne pouvez pas le manquer, il est au premier trier à gauche sur la photo ci-dessous.
J’arrive en quelques minutes au sommet. L’enthousiasme me donne des ailes et je me force à ne regarder que mes pieds afin de garder la surprise du panorama une fois arrivé au dessus 🙂
Et quel panorama ! Je pense que je suis en train de contempler, de vivre, un des plus beaux panoramas du séjour, si pas le plus beau…
Tout y est : la luminosité, le soleil couchant, les couleurs, cet incroyable contraste, les reflets de la rivière, ces tons « vert flash », le glacier dans le dos, le vent sur le visage. Je vis un moment unique…
Vous savez ce qu’il vous reste à faire… Sur ce, je redescends et mange un repas lyophilisé les étoiles plein les yeux. À ce sujet, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur cet article afin de mieux préparer vos repas et vous procurer des lyos de très bonne qualité, notamment sur la boutique en ligne www.lyophilise.fr que je vous recommande.
Le lendemain matin, j’ouvre les yeux et je suis fatigué. Je me suis réveillé la nuit pour tenter de voir les aurores boréales, car il semblait déjà y en avoir à cette période, mais je suis rentré « bredouille » et je me suis rendormi en boudant. Et quand je boude, je dors mal 😀 Mes copains de Yummy Planet ont pourtant eu la chance d’en voir le jour où je repartais… ! N’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur leur site et notamment sur le récit de leur dernier road trip inoubliable en Islande…
Après quelques gouttes de pluies, je décide de démarrer cette troisième étape sur les chapeaux de roues en espérant que la météo se stabilise. Je commence par la traversée d’un pont de bois avant d’arriver dans le champ de lave Hvannagilshraun.
Je dois ensuite traverser un gué… Plus profond que celui d’hier. Astuce : « remonter » la rive pendant 200m (sur la gauche) où le courant est moins puissant. J’arrive ensuite dans un sandur, une plaine de sables issus d’un glacier que l’on aperçoit sur la gauche.
Je passe alors un pont par dessus la rivière Innri-Emstruá qui a creusé un fossé dans le basalte, créant ainsi une cascade puissante. J’entame alors la (longue) traversée de la plaine de sable de Mælifellsandur qui offre de jolis paysages. Je ne m’en lasse pas, j’ai encore l’impression d’être dans le Mordor (cfr. Seigneur des Anneaux), ou dans un autre monde.
D’ailleurs les panneaux que je lis sur le chemin me font bien rire…
Après une traversée semblant interminable dans ce sable noir, j’arrive à Emstrur. L’endroit calme est dans une combe sur la gauche du sentier et plus ou moins bien abrité du vent.
La « Gorge de la Markarfljót »
Une fois installé et la météo semblant stable, je décide d’aller fouiner dans les alentours. On m’a conseillé d’aller voir « les canyons » à 15 minutes de marche… J’y fonce. Et là, je tombe nez à nez avec la plus belle gorge, véritable canyon en effet, que j’aie eu la chance de voir dans ma petite vie. Profonde de 200 mètres, elle a entaillé des roches volcaniques colorées. J’ai essayé de prononcer son nom, impossible : « Markarfljótsgljúfur« …
La profondeur, les couleurs, cette sensation de vide envoûtante… tout est là, devant mes yeux ébahis.
Remontez une centaine de mètres le sentier près du refuge et suivez le panneau pour vous y rendre via un chemin bien praticable qui permet de faire une balade d’une heure et revenir au refuge vers la gauche.
4. Emstrur (Botnar) – Þórsmörk
Censée être l’étape la moins intéressante du trek d’un point de vue panorama, je démarre cette dernière journée de randonnée à mon aise et sans attente particulière. Et bien, j’ai été agréablement surpris ! On commence par la descente vers la rivière Fremri-Emstruá et la traversée du pont.
Je trouve que niveau vues, ça commence plutôt pas mal… 🙂 Je longe ensuite le Markarfljót pour retrouver une plaine désertique qui va devenir au fil des kilomètres de plus en plus verdoyante, juste en face du fameux Eya Eyafch Eyafatcha GRRRR : Eyjafjallajökull ! 😀
Je traverse un pont au dessus d’un affluent de la rivière principale pour entamer une belle montée qui donnera une vue sur une plaine et un gué plus large à traverser, mais d’une profondeur relativement faible (30 à 50 cm). Je souris, car je sais que c’est le dernier du séjour… La suite et fin se fait sur un sentier qui traverse une petite forêt. Oui vous avez bien lu, une forêt en Islande, avec un sol terreux, de la boue, des feuillus et même des petits oiseaux ! Retour à la civilisation…
J’arrive à un panneau qui me propose un chemin à gauche et un à droite pour arriver dans la vallée glaciaire de Þórsmörk. Je prends celui de droite vers Volcano Hut où je vais passer ma dernière nuit sur le trek et manger un repas délicieux sous forme de buffet.
Si vous cherchez quelque chose de plus tranquille et plus austère, prenez à gauche vers Langidalur (Skagfjörðsskáli) où vous pourrez profiter d’une dernière nuit plus calme et davantage au pied des glaciers.
Þórsmörk, « la Vallée des Dieux »
Avant de rependre le bus 4×4 à Langidalur (normalement à 30 min de marche), je décide de faire une dernière ascension sur le Valahnukur (465m) facilement accessible depuis le refuge. En effet, je n’étais pas bien informé mais la compagnie Trex que j’avais réservé au début ne passe pas au Volcano Hut qui est cependant desservi par Reykjavík Excursions. À refaire, j’aurais été directement à Langidalur en fin de trek, mais je n’aurais pas mangé ce bon repas salvateur puisqu’ils ne servent pas à manger… :p
La montée est raide mais courte (30 min), le sac est plus léger, ça tombe bien. Le sommet m’offre une vue majestueuse sur cette vallée glaciaire appelée aussi la Vallée des Dieux et se traduisant par « forêt de Thor ».
https://www.instagram.com/p/BJnUnsFAfiF/?taken-by=trekkingetvoyage
Je redescends et c’est à Langidalur que se termine ce trek… C’est avec un sentiment de satisfaction et de fierté que j’attends paisiblement le bus qui me ramènera dans la capitale. Je me sens bien. Fatigué, mais bien. Heureux d’avoir terminé cet itinéraire sans soucis et avec une météo plutôt clémente.
J’ai des images plein la tête… Sans être mélancolique, je regrette de ne pas avoir eu plus de temps pour continuer deux jours vers Skogar. Ce sera pour une prochaine fois…
Quoi qu’il en soit, le Laugavegur est probablement le plus beau trek que j’aie pu réaliser, tant aux niveaux des panoramas que du dépaysement… Des sensations vécues presque indescriptibles de liberté et de bonheur intense, propres à chaque découverte ou sortie outdoor dont je suis devenu adepte.
Alors foncez si cela vous botte, vous ne serez pas déçu(e) !
Je dois vous laisser, le bus arrive ! 😉
Derniers conseils et recommandations
Voici une liste non-exhaustive des petits trucs qui me viennent à l’esprit après ce trek. Il se peut que j’oublie l’une ou l’autre chose : n’hésitez donc pas à commenter et donner votre avis, je compléterai.
- D’abord, profitez ! C’est le premier conseil que je peux vous donner. Ne fous figez pas au moindre souci, il n’y a que des solutions, peu importe qu’elle vous plaise ou non, voyez le bon côté des choses. Je me permets de vous le dire même si personnellement, j’ai des fois du mal à l’appliquer. Mais j’y travaille… Je sais que l’expérience sera davantage meilleure. Vous êtes en Islande, c’est déjà génial !
- Avant le trek : infos ici
- Condition physique : on me l’a demandé quelques fois à mon retour… Oui, vous devez être en bonne forme physique pour faire le trek, mais pas besoin d’être un champion. Tout le monde sait marcher à son rythme 15/20 km/jour pendant 4 jours sans rentrer épuisé. Ce qu’il faut absolument, c’est être capable d’endurer d’éventuelles mauvaises conditions climatiques. Cela commence par avoir un bon matériel, des bons réflexes et un moral d’acier 🙂
- Itinéraire, trace GPS : encore une fois je persiste et signe, le sens Landmannalaugar > Thorsmork me semble le meilleur choix, mais ce n’est que mon avis. Vous pouvez consulter le tracé et télécharger une trace ici.
- Equipement : Je vous le disais dans la première partie de l’article, équipez-vous correctement pour un trek de 4 jours. Ne prenez que le nécessaire : pas trop de vêtements, le sac à dos doit par exemple être confortable et assez grand pour néanmoins accueillir toutes vos affaires du reste du séjour si comme moi vous voyagez en autonomie sans laisser vos affaires quelque part… N’oubliez-pas la housse imperméable qui va avec afin d’épargner vos affaires en cas d’intempéries. J’ai utilisé le « Versant 60″de la marque THULE. Il convenait très bien, un article suivra… N’oubliez pas d’emballez vos vêtements et votre sac de couchage dans des housses imperméables (et compressibles si possible, c’est encore mieux 🙂 ). Pas de coton, il prends trop l’humidité. Optez pour des vêtements synthétiques voir en mérinos (plus hygiénique). N’oubliez pas votre maillot de bain si vous souhaitez aller vous baigner dans les sources d’eau chaude de Landmannalaugar…
- Nourriture : prévoyez assez de nourriture pour 4 (voir 5 jours juste au cas où…) si vous faites Landmannalaugar – Thorsmork. J’ai opté pour des soupes et repas lyophilisés le soir. Pour les midis j’ai tenu avec une roue de fromage fondu, du saucisson sec et un pain Harry’s. Pour le matin : des barres de céréales, pâtes de fruits, compotes fruits/biscuit et lait en poudre. Il n’y a RIEN à manger sur le trek, sauf au début et à la fin. Profitez d’ailleurs pour y acheter ce qu’il vous manque et notamment du gaz.
- Sécurité : Suivez-bien le sentier souvent délimité par des piquets de bois ou d’inox. Il y a du monde sur le tracé, vous serez rarement seul, surtout en été. Numéro d’urgence : 112, voici une appli sympa en cas de pépin ou simplement pour signaler un check-in aux services de secours (gratuit), qui peuvent plus facilement vous suivre et vous retrouver si besoin. N’oubliez pas votre couverture de survie !
- Si vous dormez sous tente, prévoyez une tente solide, qui résiste au vent et pas trop lourde : c’est un investissement… Si vous voulez dormir en refuge (hut), réservez assez longtemps à l’avance et prévoyez un drap de soie. N’oubliez pas un réchaud utilisable par temps froid et venteux. Ce serait bête de manger des lyophilisés avec de l’eau froide (impossible pour moi). J’avais un réchaud au gaz, avec protège flemmes intégré. La tente aura idéalement une abside pour y faire à manger, si il pleut. Dans les refuges, ils n’acceptent pas toujours que vous fassiez chauffer votre eau, quand il y a du monde… N’oubliez pas aussi que vous ne pouvez normalement pas planter votre tente ailleurs qu’à proximité des refuges qui offrent tous des sanitaires de base (évier eau froide, douche chaude ou tiède, WC.). Il n’y a pas de douche au premier refuge après Landmannalaugar, le plus isolé. Présentez-vous dès votre arrivée et payer l’emplacement, ils donnent à chaque fois un badge à coller sur le cordage de votre tente pour la nuit.
- L’eau est des rivières est potable partout, mais purifiez-là par précaution en fin de trek vers Thorsmork où le bétail est plus présent.
- Réseaux téléphonique : on capte, mais pas partout. Même constat pour la 2/3G… Ne comptez par sur le Wi-Fi aux refuges, bande de geeks, il n’y en à qu’au Volcano Hut.
- Météo : demandez aux refuges, ils ont parfois les infos, sinon dans la capitale sur un wifi (camping) 😉
- Rivières : prévoyez des bâtons de randonnée et des chaussures d’eau pour les traverser plus facilement…
- Les Islandais : au début du séjour (cela ne s’avère pas refléter la réalité) mais j’ai trouvé les Islandais rustres, un peu radins et méfiants. Puis au fils des jours, j’ai commencé à me rendre compte que ce que j’observais n’était que des à priori. Il faut un peu creuser et on trouve des personnes sensibles et chaleureuses, qui aiment les choses bien faites. D’où quelques fois l’impression de stress… Il aiment qu’on s’intéresse à leurs coutumes, qu’on les félicite sur leur (magnifique) pays. Il en sont fiers et je comprends pourquoi !
- Prix : La vie en Islande est chère, mais pas plus qu’en Suisse. Je m’explique. Si par exemple vous consommez des produits rares (viandes) au resto touristique, vous allez douillez c’est sûr. Tout a un prix. Un bon hot-dog est plus accessible, les pizzas aussi. Fouinez un peu. Les bars à sushis sont au même prix qu’en France ou en Belgique. Les burgers un peu plus chers, mais restent accessibles et plutôt goûteux dans certains restos. Les restaurants islandais typiques sont plus chers, je n’ai pas bien compris, je pensais que c’était le contraire. Si vous voulez aller boire un verre (ou plusieurs) dans la capitale, comptez minimum 4-5 € la bière. Le transport et aussi cher, même en bus.
- Mes frais à titre indicatif pour 7 jours :
Vol A/R de Bruxelles : 380 €
Transfert Keflavik > Camping : 5100 ISK
Camping première nuit à Reykjavík : 2100 ISK
Trajets en bus 4×4 pour aller au début et revenir de la fin de trek vers la capitale : 12000 ISK
Refuge camping trek nuit 1 : 2000 ISK
Refuge camping trek nuit 2 : 2000 ISK
Refuge camping trek nuit 3 : 2000 ISK
Refuge camping trek nuit 4 : 2000 ISK
Repas buffet à volonté Voclano Hut : 4400 ISK
Camping avant-dernière nuit à Reykjavík : 20100 ISK
Camping dernière nuit à Reykjavík : 2100 ISK
Total : 380 € + environs 40.000 ISK = environs 680 € sans la nourriture. J’ai choisi d’emporter ma nourriture et de consommer bon marché sur place, notamment dans la capitale.
- Argent : vous pouvez retirer à l’aéroport (attention aux files), et dans la capitale avec votre carte (frais). La carte bancaire est acceptée partout, même aux refuges (sauf panne) moyennant 2/3% de frais.
- Assurance : n’oubliez pas de vous assurer, un pépin est vite arrivé ! J’ai personnellement choisi AVI International pour ce voyage. Retrouvez leurs diverses formules dont l’assurance « routard » dont je bénéficiais ou pour les tours du monde, l’assurance Marco Polo.
Bon, je pense que j’ai tout dit ou presque, si j’oublie quelque choses, signalez-le moi, je me ferai un plaisir d’ajouter vos détails 😉
Surprise
Vous pensiez que c’était terminé ? Et bien non ! De retour au camping de la capitale, j’ai décidé de prendre un bus le lendemain et d’aller à la découverte des merveilles d’une partie de la côte sud…
Et devinez quoi : je vous raconte tout cela dans un prochain article 😀 « Elle est pas belle la vie ? »
Si l’article vous a plu, n’hésitez pas à le partager 🙂
Merci aussi de m’avoir lu jusqu’ici… Vous êtes un as !
Merci beaucoup pour ces deux magnifiques articles. Je souhiatais justement aller marcher en Islande, je crois que j’ai trouvé mon trek! j’ai cependant quelque petite question, recommanderais-tu un guide particulier, type topo guide, une carte? A moins d’avoir loupé l’info, je ne crois pas que tu donnes les dates de ton séjour, recommande tu une période particulière? Moins bondée (j’ai un ami qui a fait ce trek en juin, il à dit qu’il y avait relativement encore peu de monde).
Sinon merci pour ton blog, je le suis depuis un petit bout de temps, notamment car je suis un « voisin » (français vivant à proximité du Luxembourg), j’espère qu’on se croisera sur un sentier :).
Geoffroy
20100 ISK l’avant-dernière nuit de camping à Reykjavík ?
Super article pour préparer le Laugavegur, merci