Je suis ravi des initiatives qui ont été mises en place en Wallonie par Escapardenne et la Grande Traversée de la Forêt du Pays de Chimay qui permettent aux marcheurs, cyclos et cavaliers de disposer de zones de bivouac pour y passer la nuit pendant leur rando.
Enthousiaste, j’en ai d’ailleurs fait la promotion dans des articles précédents ici et ici…
Mais…
Suite à quelques nuits passées sur quelques-un de ces emplacements, j’ai pu constater (et mon entourage également) que ceux-ci étaient malheureusement souvent mal exploités et que l’on n’était plus du tout dans le concept initial :
Je m’explique :
- Des jeunes fêtards (ou moins fêtards) y établissent leur repère pour la nuit (bruit), en arrivant fin d’après-midi et en laissant leur voiture à quelques centaines de mètres.
- Des déchets y sont laissés ou brûlés (plastiques, conserves).
- Les mégots de cigarette sont jetés n’importe où.
- Certains emplacements sont accessibles en voitures car ce sont des chemins forestiers, des gens arrivent donc avec leur véhicule juste pour y passer la nuit.
- Des feux sont créées ailleurs de celles prévues à cet effet.
- Les zones de bivouac sont dépassées, étendues, les piquets les limitant arrachés voir brûlés.
- Des arbres sont abîmés.
- Etc.
Ces endroits à la base calmes et tranquilles au cœur de la nature deviennent de vulgaires emplacements de campings à touristes, sales et bruyants mais surtout inconfortables pour les personnes qui ont besoin de repos après une journée d’effort.
Loin de moi l’idée de me la jouer « petit égoïste conservateur », je trouve qu’il serait intéressant de remettre l’accent sur certains points pour qu’à l’avenir tout le monde puisse profiter sereinement des ces opportunités rares en Wallonie…
Un problème d’éducation et de respect
Selon moi on parle d’abord ici d’un problème d’éducation, et d’éducation à la nature en particulier.
On ne doit pas laisser de trace de son passage dans la nature, on ne jette pas ses mégots de cigarette n’importe où, on ne brûle pas du plastique, on ne crie pas le soir dans la forêt, surtout à proximité d’une zones où d’autres personnes sont susceptibles de dormir, etc.
Tout ceci est une question de bon sens et de respect pour des personnes sensibles à la nature ou à qui on a enseigné ce genre de règles… Mais ce n’est peut-être pas aussi évident pour d’autres qui n’ont pas eu cette chance !
Et ce ne sont malheureusement pas les plus jeunes les plus concernés, loin de là… Et même si eux aussi ont besoin de liberté ou envie de nature… je pense que les bases pour en profiter n’y sont pas.
La nature, pour en profiter, il faut apprendre à la RESPECTER en respectant aussi autrui…
Rareté et nouveauté des emplacements…
Ce sont aussi des facteurs qu’il faut prendre en compte : ce genre d’initiatives en Wallonie est on le sait maintenant assez exceptionnel et nouveau. Les emplacements sont donc rares ce qui agrandit le nombre d’utilisateurs par endroit, mais aussi l’engouement qui est assez palpable.
Lors de mon dernier bivouac à Les Tailles, nous étions 15 mais seulement 5 marcheurs ! Le reste était des gens venus en véhicules… Sans oublier la quinzaine de vacanciers bruyants du village voisin qui se sont rajoutés en fin de soirée (vers 23h00 !) pour venir cuire leur marshmallows… Nous étions finalement une trentaine : « Bonjour la tranquillité ! »
Même si tout ceci se passe (presque) à chaque fois dans la bonne humeur, nous ne sommes plus du tout dans le concept de base…
La proximité des emplacements
La proximité doit certainement jouer mais il n’est pas évident de trouver des zones administrativement praticables pour les bivouacs en Belgique. Bien que il existe des espaces plus retirés et plus difficilement accessibles, ceux-ci sont rarement propices car il s’agit souvent zones protégées, privées sans autorisation, ou de parcs naturels, ou ne se situant plus du tout sur l’itinéraire rando/trail de l’organisme qui aménage les zones.
Que faire ?
Il est intéressant de souligner qu’il y a une charte à chaque emplacement, ce qui est une bonne chose, et il faut la faire respecter !
Il semblerait d’ailleurs que les agents forestiers des cantonnements concernés ainsi que les différentes communes auraient été contactés pour qu’ils redoublent d’attention et augmentent leurs passages sur les sites… et si besoin, qu’ils verbalisent les fautifs. Une bonne chose donc, en espérant que cela fonctionne…
Il est en effet primordial de rappeler que ces emplacements sont exclusivement réservés aux personnes en itinérances. Pour les autres, je pense qu’il y a des campings en suffisance pour les accueillir ailleurs !
Il faut que les utilisateurs respectent ces règles afin de profiter pleinement du site et en vue de le préserver au maximum.
EDIT 23/09/2015 : Grâce à une gestion efficace de ce projet, Escapardenne me confirme qu’une réunion a récemment eu lieu et que diverses mesures vont être prises pour palier aux différents problèmes avec :
- d’une part une communication plus importante sur ce qui est autorisé ou non mais surtout un arrêté de police au niveau de la commune de Houffalize (principale commune touchée).
- De plus, pour le site des Tailles, un panneau d’interdiction d’accès aux véhicules pour la route menant au bivouac va être placé.
- Enfin, pour la saison prochaine, une info supplémentaire plus visible sera ajoutée (en plus du panneau) sur les bivouacs où il est spécifié que ces aires sont réservés uniquement aux randonneurs.
Petit RAPPEL de la charte Escapardenne :
1° Les aires de bivouac sont réservées uniquement aux randonneurs, cyclistes et cavaliers.
2° Aucun véhicule à moteur, caravane ou remorque n’y est autorisé.
3° Le bivouac est autorisé exclusivement au sein des aires prévues à cet effet. Tout campement établi au-delà des délimitations sera considéré comme sauvage et donc passible de poursuites.
4° Merci de respecter la propreté de l’endroit. Tout abandon de déchet sera passible de poursuites judiciaires, à l’exception du papier WC usagé qui devra, lui, être enterré et donc invisible.
5° Ces aires de bivouac sont destinées aux randonneurs, pas aux campeurs de longue durée. Il est donc interdit de passer deux nuits consécutives sur la même aire de bivouac.
6° Les tentes sont exclusivement autorisées entre 16h00 et 10h00. Pas de tentes en journée !
7° Tout allumage de feu est proscrit en-dehors des zones éventuellement prévues à cet effet.
8° Il va de soi que tout type de végétation doit être respecté. Couper ou arracher un arbre ou une partie de celui-ci est totalement interdit. Seul le bois mort tombé au sol pourra être utilisé pour le feu.
9° Veuillez respecter la quiétude de l’endroit et le sommeil de vos voisins.
10° Tout utilisateur d’une aire de bivouac ou d’un refuge accepte implicitement ce règlement.
Je souhaite vraiment qu’un maximum de campeurs liront cet article et prendront conscience de la situation qui est malheureusement assez déplorable. Je suis peut-être utopique mais j’espère qu’à long terme, la situation évoluera dans le bon sens pour que nous puissions continuer à profiter de cette chance que nous avons de pouvoir bivouaquer légalement en Belgique…
Cet article a été traduit en néerlandais et envoyé chez nos confrères néerlandophones de Bivakzone.be et Trekkings.be qui font également la promotion de ces emplacements en Flandres et aux Pays-bas.
Bien écrit, et coup de gueule plus que justifié. Mais ce n’est pas sur les sites fréquentés par les randonneurs que ça doit être publié : eux subissent cet état de choses, ils n’en sont pas responsables ! Et il est extrêmement difficile, voire dangereux, de se charger tout seul de « faire respecter » une charte à des gens qui
1. ne la connaissent pas
2. ne s’en soucient pas
3. sont persuadées que leur façon de s’amuser (bruit, alcool; consommation décervelée avec déchets y afférents) est un droit inaliénable et un plaisir universel.
Sans compter qu’ils sont sans doute très fiers d’aller s’amuser ainsi dans un endroit qu’ils croient prévu pour ça plutôt qu’en pleine nature.
Bref, c’est le grand public qu’ils faut sensibiliser, et c’est la chose la plus difficile à faire de nos jours puisque cela suppose d’obtenir l’attention des grands médias à plusieurs reprises.
Le plus malheureux n’est pas que les aires de bivouacs soient dévoyées : c’est plutôt qu’une majorité de gens ne trouvent pas d’autre façon de s’amuser que celle qui consiste à s’abrutir de bruit et d’alcool, et de là, verser dans une vulgarité crasse sans en avoir même conscience.
C’est là qu’il y a une éducation à faire urgemment : il faut faire éprouver aux gens le plaisir d’une brise toute fraîche après avoir gravi une côte escarpée… l’émotion d’un chuchotement de conteur à la fin d’une histoire poignante… la beauté d’un rayon de soleil doré sur un sol forestier couvert de feuilles… la saveur incomparable d’une poignée de mûres précoces sur un sentier discret…
Seule une éducation à la finesse pourrait lutter contre la dévastation des belles choses simples par ceux qui ne connaissent que la tonitruance stupide du 21e siècle…
Merci pour votre commentaire, je suis d’accord avec vous…
Mais ces sites de randonneurs et amoureux de la nature servent aussi de mine d’infos pour les « squatteurs », et pas que pour les randonneurs donc c’est déjà ça de pris, en espérant qu’ils lisent l’article, si celui-ci est publié sur les sites concernés…
🙂
Je suis d’accord. Je me suis rendu au golet mi juillet et j’ai du passer la nuit avec des jeunes bien alcoolisé et d’autre arrivé en caravane dans la nuit. Je me suis endormie a 3h30 du matin pour un levé à 6h. J’ai trouvé ça dommage
Désolé pour vous, je pense que j’aurai craqué :p
Moi aussi 🙂
Malheureusement, ça ne m’étonne pas tout de voir que des tels endroits ne sont pas respecté. A force de mettre des règles, des sanctions, de restreindre toujours plus, … les gens n’ont plus l’habitude des forets et viennent en profiter en tant que « consommateurs ». Tout le monde aime faire griller son marshmallow, le concept est connu de tous en revanche, très peu savent apprécier la foret, et la nature plus largement, pour ce qu’elle offre de plus discret, de plus magique.
Si l’on continue de reteindre le bivouac sauvage, les jeux dans les bois, et toutes ces activités qui émerveillent les jeunes avec pour seuls arguments les risques d’incendies ( on est pas en Afrique non plus) et la quiétudes des animaux ( tout ça pour qu’ils se fassent plus facilement rabattre puis tirer) …les jeunes n’apprendront plus à aimer la nature. Sans cela espérer rencontrer du respect me parait tout à fait illusoire …
Pour moi, c’est clairement la faute à
– une politique beaucoup trop restrictive qui empêche d’apprendre à aimer la forêt et un manque d’imagination. La dernière fois je discutais avec un garde de chasse qui me proposait d’aller faire mon jeu (je suis chef scout) sur le chemin. « Vous pouvez faire un jeu de piste si vous voulez »…. Sur un chemin en ligne de droit de 500 mètres ???!!! Les jeunes ont besoin de bouger, de courir, de sentir, … la cueillettes et les ballade tant appréciées par les plus « mûrs » ne sont pas suffisantes pour faire apprécier la nature aux jeunes !
– une psychose du feu (injustifiée selon moi. Ceux qui aiment la foret savent comment l’éteindre et le masquer, si l’on a pas appris, que l’on vient consommer et qu’on a peur du feu alors oui, on risque les accident …. alors apprenons !)
– …
c’était mon coup d’gueule du jour !
Bonne journée 🙂
Merci Damien, je trouve votre réponse parfaitement sensée. Je randonne souvent en Belgique, et trouve déplorable de ne pas pouvoir bivouaquer légalement. Cela amène à considérer la nature comme une sorte de musée qu’on ne peut que regarder depuis les sentiers. On ne ressent plus qu’on forme un tout avec elle, au contraire, elle devient un interdit et une chose étrangère à notre condition.
C’est extremement triste, pourquoi ne pas nous rapprocher de la législation française, bien plus morale et basée sur le bon sens?
Personnellement, ces aires sont une fausse bonne idée. Je les évite pour toutes les raisons énoncées dans l’article, et je pense ne pas être le seul à proceder ainsi. Ce sont des aimants à fêtards, et c’est justement tout ce que je fuis lorsque je randonne discrètement et respectablement en Belgique.
Il est beaucoup plus simple de sanctionner que d’éduquer, comme vous le dites, et j’ai l’impression que cela provoque carrément une désensibilisation envers les enjeux écologiques plutôt que de servir la forêt.
Merci à vous ! Ca fait plaisir à lire 🙂 🙂
Il faut créer des endroits de bivouacs plus éloignés de chemins direct, à au moins 4km (1h) d’une route point bar point be. Un bivouac, ça se mérite, c’est la cadeau du soir 🙂 . L’hiver va s’installer tout doucement, en espérant qu’il y ait moins de bourrins! 😉 Sinon pour ma part je ferais autrement, il y a les Vosges à 3h30 ou là-bas franchement respect question attitude en plus c’est beau aussi, mais toujours l’envie évidente de profiter de nos belles Ardennes avec je l’espère une amélioration avec ses zones de bivouacs…