Cet été, je participais à un stage « Objectif Mont Blanc » de la Compagnie des guides de Saint-Gervais. Une période de silence s’est installée avant que je ne publie cet article qui s’avère être un peu plus personnel et plus consistant que les autres. Il sera donc divisé en deux parties afin d’en faciliter la lecture.

Il a fallu en effet un peu de temps pour que je « redescende »… J’avais besoin d’un peu de recul avant de me lancer dans l’écriture de mon expérience sur ce géant blanc, surtout avec les derniers et malheureux événements liés à l’ascension de celui-ci… Une nécessité également de laisser décanter ce condensé de sensations alpines qui risque bien d’avoir scellé ma relation avec la haute montagne.

Laissez-moi donc vous emmener jusqu’au sommet du géant blanc pour une aventure que je ne suis pas prêt d’oublier !


Le Mont Blanc (et moi…)

 

La montagne nous offre le décor … A nous d’inventer l’histoire qui va avec.

Nicolas HELMBACHER

Avant de rentrer dans le vif du sujet et vous raconter mon expérience pas à pas, j’aimerais revenir dans cette première partie sur la relation que j’entretiens depuis des années avec ce passionnant sommet…

Loin d’être un habitué de la haute montagne, j’ai souvent observé le Mont Blanc d’un peu plus bas. Que ce soit en trek ou en randonnée à la journée, il m’est difficile d’estimer le nombre de fois où j’ai eu l’occasion d’admirer ses courbes gracieuses et immaculées dominer le paysage montagneux de mes aventures… Il a toujours veillé fièrement en maître des lieux sur mes escapades, jusqu’à le considérer comme une entité à part entière.

Lever de soleil dans le Jura avec le sommet des Alpes en toile de fond…

Un sommet inaccessible ?

Le fait est que ma relation avec le toit des Alpes a toujours été particulière. Sans qu’il m’attire initialement, je l’ai toujours considéré – non pas comme un rêve à l’instar de beaucoup d’amoureux de la montagne – mais comme « inabordable ». Une inaccessibilité perçue à travers un sentiment partagé entre crainte et humilité que j’ai assez de mal à exprimer. J’ai toujours vu le Mont Blanc comme une finalité, en m’opposant à certains qui m’affirmaient encore avant mon départ que c’était un sommet quelconque ou même « facile »…

Il était (et reste) selon moi une récompense qui se mérite. Il est ce genre de défi que je ne me sentais pas capable de réaliser à court terme, que ce soit d’un point de vue physique ou matériel. Je le craignais, tout autant que je le respectais. Peut-être à cause d’un manque d’expérience ? Je ne sais pas trop comment l’interpréter, mais c’était viscéral. Et puis à force d’enchaîner quelques escapades alpines sur ses contreforts, de côtoyer des professionnels de la montagne et du tourisme mais aussi d’entendre l’avis de gens qui étaient grimpés au sommet, un sentiment de curiosité s’est peu à peu installé.

Mon expérience en alpinisme est très récente mais je me rends cependant compte qu’à chaque course j’éprouve un réel plaisir à parcourir la montagne de cette façon.

On n’approche pas les sommets en alpinisme de la même façon qu’on « fleurte » avec la montagne en randonnée. Je suis résolument amoureux de cette façon de progresser au rythme d’un souffle lent et de coups de piolets bien marqués. Cette façon de franchir les obstacles et de s’élever vers les cieux en alliant prudence, technique et dépassement de soi.

Il faut vivre l’expérience au moins une fois pour se rendre compte du plaisir que l’on peut avoir à évoluer si proche du royaume des cieux.

Saisir sa chance

Mais c’est lors d’une discussion à Saint-Gervais avec Véronique Ballanfat représentant Savoie Mont Blanc qu’un « déclic » s’est produit. Je l’entends encore me dire : « Maxime, tu pourrais le faire ! ». Je commençais donc sérieusement à me dire que j’aspirerai peut-être un jour à affronter ce géant, sans rien imaginer de concret.

Quelques mois plus tard, on m’a proposé de participer à un stage qui me permettrait de me préparer mais surtout de tenter une ascension organisée en compagnie de guides professionnels. J’ai senti que c’était la chance de ma vie de combattre mes appréhensions et j’ai directement accepté. Je venais de mettre le Mont Blanc dans mes objectifs…


Un stage préparatoire

C’est donc grâce à Savoie Mont Blanc et Saint-Gervais Mont-Blanc que j’ai la chance de vivre le stage « Objectif Mont Blanc » proposé par la Compagnie des guides de Saint-Gervais  accompagné de Dimitri ambassadeur Savoie Mont Blanc et initiateur du séjour, de Stéphanie, Rodolphe et Benjamin des journalistes et de Julien un autre blogueur.

Un sommet qui se mérite

Il fut un temps où atteindre le sommet de l’Europe occidentale était un apogée. Victime de son succès, il s’est fâcheusement transformé aujourd’hui en un « simple » défi ou une attraction pour les amateurs de montagne…

L’ascension du Mont Blanc ne se fait pas en un claquement de doigts et elle peut malheureusement très vite tourner au drame comme on a pu le voir ces tristes dernières semaines… Sans mettre tout le monde dans le même panier, on a déjà pu observer que beaucoup de candidats tentent en effet l’ascension avec très peu, voire aucune expérience en haute montagne. Certains même sans guide ou pire sans matériel spécifique. Même si l’itinéraire de la voie normale que nous avons emprunté ne présente pas de grosse difficulté technique, le sommet culmine néanmoins à près de 5000 mètres d’altitude (4810 mètres pour être exact), ce qui en fait un objectif remarquable s’insérant dans une catégorie de course qui demande prudence, expérience et préparation physique.

Et ce stage tente justement de remettre les choses à leur place en proposant bien plus qu’une préparation. Il vise à faire prendre conscience aux participants de la réalité des choses : le milieu de la montagne est exigeant et l’ascension du Mont Blanc – bien que d’un niveau technique facile par la voie normale – n’est pas forcément accessible à tout le monde. Il permet surtout de mesurer ses capacités, initie à la progression encordée, forme à avoir et savoir utiliser le matériel adéquat et permet donc de mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’ascension.

Etant prof de sport, ma condition physique est plutôt bonne. Je suis pas mal actif de par mes activités de rando et je sais ce que c’est que de fournir un effort long et continu. J’avoue que je ne me suis pas vraiment préparé spécifiquement pour ce stage, mais il est préférable je pense de s’entrainement de manière spécifique. Je vous en parlerai dans la seconde partie de l’article qui sera publiée la semaine prochaine.

Initiation alpine

L’aventure commence par une initiation à l’escalade en falaise pendant laquelle nous prenons nos marques avec les chaussures d’alpinisme. Le guide nous fait remarquer l’utilité de la « climbing zone » sur l’avant de la semelle qui permet d’adhérer davantage sur le rocher et profiter de la rigidité de celle-ci en transformant la moindre aspérité rocheuse en marche d’escalier que la surface soit humide ou pas.

Nous prenons ensuite la direction de Tré-La-Tête pour une randonnée de 750 mètres de dénivelé positif. Au fur et à la mesure que nous montons avec la brume humide, la chaleur estivale de la vallée laisse place aux fraîcheurs de la moyenne montagne pour diffuser une ambiance fantasmagorique.

Nous dormons au refuge avant d’entamer la journée du lendemain en vue de faire l’ascension de l’Aiguille de la Bérengère. Ce sommet permettra d’évaluer nos capacités mais surtout de nous habituer aux techniques de base d’alpinisme nécessaires pour un éventuel Mont Blanc.

Après une bonne nuit, nous ouvrons l’œil à 05h00 et profitons d’un magnifique spectacle vers la vallée…

À peine la montée entamée, nous faisons la jolie rencontre d’un groupe de bouquetins. Un second spectacle dont je ne rate pas une miette… La montagne est définitivement remplie de surprises.

 

La montagne est déconcertante. Son paysage est plissé et secret.
Les mots et les habitudes butent sur le passage des cols.

Jason Goodwin

Nous prenons ensuite la direction du sentier de Chaborgne pour continuer la montée qui s’accentue. Les paysages deviennent plus minéraux et le vide commence à apparaître. Je me sens très à l’aise et suis ravi de voir apparaître ci et là quelques passages gazeux.

Arrivent ensuite les surfaces enneigées tant attendues qui nous « forcent » à nous encorder…

Roland, notre second guide.

J’adore cette sensation particulière d’être attaché à l’autre, où la symbiose et la concentration s’imposent sur la performance. Benjamin semble aussi ravi que moi.

La pente neigeuse finale avant le sommet qui arrive est plus raide et un peu plus technique, pour se terminer avec une vue à 360° sur le massif. Les Dômes de Miage (et juste derrière ce fameux Mont Blanc) nous toisent de tout là-haut.

Nous sommes à 3425 mètres d’altitude et le paysage est somptueux…

La descente vers le refuge des Conscrits se fait aisément mais avec prudence après une belle et longue journée de course. Avant de sombrer dans un sommeil réparateur, nous profitons des envoûtantes lumières du soir.

 

 

En haut des cimes on se rend compte que la neige, le ciel et l’or ont la même valeur. 

Boris Vian

 

La veille du départ programmé, nous profitons d’une journée de repos et d’un passage aux Thermes de Saint-Gervais-les-Bains pour nous relaxer. C’est l’endroit idéal pour une récupération efficace.

Nous nous réunissons le soir avec nos guides pour discuter et statuer sur la faisabilité de l’ascension du lendemain. Ils prennent en compte plusieurs paramètres comme la condition physique et les capacités de chacun, mais surtout des conditions météorologiques.

Les guides nous annoncent alors la bonne nouvelle : les conditions initialement incertaines au début du stage semblent s’améliorer pour nous offrir une fenêtre météo favorable. Nous partirons donc le lendemain pour une tentative d’ascension.

Le doute s’installe

À cet instant mon cœur s’emballe et je réalise l’ampleur de ce qui arrive. Pour la première fois du stage, je suis perplexe et incertain malgré une première partie du stage vécue sans difficulté. Serai-je à la hauteur ? Le groupe arrivera-t-il au dessus ?

À la fois excité et inquiet, je plonge dans un état d’esprit assez particulier avec ces questions qui semblent pourtant normales à ce stade du stage, mais qui me travaillent avant d’aller dormir.

Quoi qu’il en soit je me réjouis d’être demain pour voir de quoi nous serons capable…


Dans un soucis de confort de lecture, la seconde partie de l’article racontera l’ascension finale et sera publiée la semaine prochaine. Il est vrai que j’avais pas mal à exprimer et je pense qu’il était nécessaire de faire le point à ce sujet ne serait-ce que par honnêteté avec vous et avec moi-même.

D’ici là, n’hésitez pas à commenter et/ou poser vos questions, je me ferai un plaisir de vous répondre.

Je vous remercie de m’avoir lu et j’espère sincèrement que vous aurez apprécié mon ressenti sur le début de cette belle aventure et dont le meilleur reste à venir…


Cette aventure n’aurait pas été possible sans la confiance de :

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Maxime
Je suis Maxime, l'âme vagabonde derrière les récits de « Trekking et Voyage », une oasis pour les amoureux de randonnée, les assoiffés de voyages plus ou moins lointains et les fervents adeptes du plein air. J'ai toujours été passionné des immensités sauvages, des murmures de la nature et des aventures qui transforment l'âme. Tout en étant un épicurien qui savoure la vie à pleines dents, je te partage ici mes récits et mes coups de cœur. L'idée d'être une source d'inspiration et de partage d'expériences me plait, surtout quand les mots sont choisis pour leur vérité et leur utilité. Bonne lecture ! "Happiness is only real when shared" (Christopher J. McCandless dit « Alexander Supertramp »)  

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