Le dimanche, qu’il vente ou qu’il pleuve, il m’arrive d’avoir une subite envie d’aller me promener près de chez moi, armé de mon appareil photo, d’une veste imperméable, d’une bonne paire de bottines mais surtout beaucoup de passion. C’est l’année dernière en fin de période hivernale que je me suis rendu dans un bois que j’affectionne particulièrement pour prendre une bonne bouffée d’air, de nature et replonger quelques siècles en arrière.
Je vous propose de le découvrir via ces quelques mots…
Le bois de Viné fait en effet partie des endroits que je connais presque par cœur… Si je l’apprécie autant, ce n’est pas par hasard. Vous savez que j’aime fouiner et m’imprégner de l’histoire des lieux que je visite, surtout en pleine nature. Et ce bois regorge d’un tas de petites anecdotes asscociées à différentes périodes. Ce qui me passionne davantage, c’est qu’on ne parle plus ici de légendes, mais de véritables faits historiques que l’on retouve aisément dans les archives.
Ce bois est situé à quelques kilomètres d’Ocquier, mon village d’enfance, à mi-chemin entre les villages de Borlon et Palenge au Nord de Durbuy. Il marque la frontière entre le Condroz et la Famenne et a d’ailleurs jadis constitué une vraie délimitation juridique entre les Comtes de Namur et du Luxembourg, mais aussi naturelle aux points de vue altitude, géologie, bassins des eaux et partage des orages. Naguère on disait « Un orage arrive sur Viné, il va se diriger ou sur l’Ardenne ou sur Meuse ». Jalousement convoité dans le passé par les Seigneurs de Durbuy, le plateau sur lequel il repose offre d’ailleurs une jolie vue d’un côté sur les espaces champêtres condruziens et de l’autre sur les vastes terres de la Famenne (et même plus loin vers le Sud et les porte de l’Ardenne).
Itinéraire :
Distance : +- 6,5 km, balise : croix bleue > liaisons possibles : balade « Jenneret » ou « Fond de Vedeur »
Dénivelée : Hauteur Max : 350 m – Hauteur Min : 290 m
Le tracé débute au « Hêtre à Viné », lieu-dit où il n’y a pas si longtemps, un fabuleux arbre bicentenaire remarquable de 4 mètres de circonférence se dressait fièrement. Il était accompagné d’une croix. Il fut abattu en 2013 car il était malade, devenait instable et dangereux pour les randonneurs… J’ai donc eu la chance de le cotoyer en pleine forme.
On retrouve s’ailleurs une jolie petite histoire qui lui est asscociée dans les Annales de l’Institut Archéologique du Luxembourg, tomes CVI-CVII, années 1975-1976, p. 164 :
« (…) Un fermier de la Famenne près de Marche avait engagé un adolescent natif de Borlon. Après quelques jours, le patron remarqua que la nostalgie de son village natal tenaillait le jeune homme. Aussi, en fin de journée, au soleil couchant, le prit-il familièrement par le bras pour l’entraîner au sommet d’une colline proche. Là il eut un geste large et en indiquant l’horizon légèrement embué par les vapeurs de la vallée de l’Ourthe, il pointa une masse sombre tapie auprès d’un massif forestier : Vola l’hèsse à Viné m’fi, vosse viyèdje n’èst nin si lon, n’do ! Traduisez « Voilà le hêtre à Viné, mon fils, votre village n’est pas si loin, n’est-ce pas?». Il se dressait en effet entre Palenge et Borlon à l’orée sud-ouest du bois de Viné à 4 kilomètres au nord de Durbuy.»
Je n’ai pas trouvé les origines du mot « Viné », si vous avez une piste, je suis preneur ! 😉
Le chemin nous emmène directement dans les bois. La zone faisait jadis partie des plus giboyeuses de Belgique. J’y rencontre encore souvent des chevreuils ou des renards, la preuve un peu plus bas. Note : par temps pluvieux, prévoyez des bottes ou chaussures imperméables car les chemins sont souvent sujets à de nombreux travaux forestiers…
En prenant garde à ne pas pénétrer dans les parties privées du bois, j’aime quitter le sentier de quelques mètres pour surprendre des animaux ou tomber sur d’anciens objets… La zone est en effet le berceau de nombreuses histoires anciennes voire plus lointaines encore… En son contrebas, vers le petit chemin qui va vers Palenge, on peut par exemple retrouver une eau limpide et soit-disant guérisseuse, jadis lieu de pèlerinage après la grande épidémie de peste qui dévasta la région.
Le chemin principal est bordé de myrtilliers, de bruyères, de digitales, de fougères et de genêts avant de nous emmener à l’extrémité de la balade à des terres cultivées. Vous pouvez y observer une petite stèle avec un crucifix mais aussi le paysage condruzien au lieu-dit « Aux 3 sapins » qui « culmine » à 318 mètres d’altitude.
On raconte qu’un village était jadis installé ici : Spineux. On y aurait retrouvé un certain nombre de grandes pierres rectangulaires, posées les unes à la suite des autres avec çà et là des restes de mortier. On peut supposer sa disparition en 1636 lors de la grande épidémie.
Si la région et ses petits secrets vous intéressent, je vous conseille de lire l’ouvrage « Histoire, contes, légendes du Pays de Durbuy »… Personellelent, j’adore !
Certains arbres attirent mon attention et je fantasme sur d’éventuelles autres jolies histoires qui pourraient y être associées et mon imagination se laisse aller au rythme de mes pas.
Comme je vous l’ai dit, il n’est pas rare d’y croiser des animaux. D’ailleurs en quittant une nouvelle fois de quelques mètres le sentier, je tombe nez-à-nez avec un renard semblant se reposer près de l’ancienne carrière de grès… Je pense que je me suis égaré, mais j’adore ça !
Je ne me trouve pas loin de l’emplacement d’un ancien pavillon de chasse détruit en 1928 pour des raisons de sécurité. Après une longue ligne droite à travers la forêt, on retrouve la route de départ…
Je ne me lasse vraiment pas de fouler silencieusement, seul et à mon rythme cet endroit rempli d’anecdotes… Il n’y a définitivement pas besoin d’aller loin pour découvrir ce qui nous entoure, ces sentiers qui ont façonné nos paysages, ces zones mystérieuses passionnantes…
Et vous, connaissez-vous le bois de Viné ? N’hésitez pas à commenter mais aussi à partager l’article, la Belgique est somptueuse… 😉
Plus d’infos :
Vous pouvez aussi retrouver cette randonnée sur la carte IGN des 21 promenades de la commune de Durbuy vendue au prix de 7 euros à la Maison du Tourisme du Pays d’Ourthe et Aisne, qui s’insère dans le projet européen rando : Bienvenue au « Pays de l’Ourthe », terre de balades et de randonnées… Il a pour but de valoriser les circuits existants adaptés au public familial grâce à l’élaboration d’un produit de randonnée de plusieurs jours avec hébergement dans des établissements locaux, découverte des produits du terroir, mais aussi la revalorisation et le balisage de circuit(s).
A pied, à cheval, à vélo… A chacun sa route !
Maison du Tourisme du Pays d’Ourthe et Aisne
Grand’rue 16
6940 Durbuy
Tél.: 086/21.35.00 ou rando@ourthe-et-aisne.be