Il y a quelque temps, j’ai eu le privilège de vivre un week-end 100% nature en Ardenne belge en (re)découvrant le Domaine des grottes de Han, en compagnie de mon pote Alex. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en m’y rendant car les souvenirs de l’endroit que j’avais pu visiter quinze ans auparavant n’étaient pas « transcendants ».
Nous avons eu une belle surprise… !
Le domaine
Le domaine, connu pour ses grottes visitées depuis plus de 250 ans, est situé aux confins de l’Ardenne dans le massif calcaire dit Massif de Boine et de la chavée, anciennes vallées abandonnées de la Lesse. Retiré du village de Han-sur-Lesse, on y accède uniquement en petit train et l’isolement volontaire des lieux fut ma première surprise : pas de voitures, pas de bruit, juste celui des rails grinçants du train…
Ce domaine a aussi été aménagé en parc animalier : on y retrouve des animaux vivant ou ayant vécu dans nos contrées, comme les loups, lynx, ours, bisons, cerfs, daims, sangliers, bouquetins, etc. On pénètre alors dans un site de 250 hectares de pure nature qui permet de contempler ces animaux en liberté ou semi-liberté dans un cadre naturel d’une beauté exceptionnelle. Mais ça, je vous en parle un peu plus tard…
Randonnée pédestre
Nous commençons d’abord la visite par une promenade de +- 6 km qui va nous permettre de faire le tour du parc en presque 3 heures car nous nous arrêtons beaucoup pour faire des photos. Un autre tracé est possible, plus court mais accessible aux personnes à mobilité réduite et aux poussettes pour bébés. Nous descendons à l’ancienne station de Boine.
Alors que nous n’avons pas encore passé l’entrée du parc animalier, nous sommes surpris de déjà croiser quelques animaux en liberté : c’est à ce moment que l’on se rend compte que nous sommes bel et bien au cœur d’une région naturellement riche et vivante.
L’itinéraire plutôt facile nous fait passer par quelques panoramas offrant une vue sur le domaine et proposant une ambiance ardennaise comme je les aime respirant la quiétude et la sérénité, dans un espace qui semble aussi illimité que figé dans le temps…
La passerelle dans la canopée est à son tour une belle surprise : elle offre une vue imprenable à 180° sur le parc.
Des animaux sereins
Réticent à l’idée d’évoluer dans un parc animalier, j’ai été enchanté d’observer au fur et à mesure de la balade des animaux qui semblaient être paisibles. Certes, certains prédateurs sont dans des enclos, mais ceux-ci sont spacieux et extrêmement bien aménagés pour les rendre les plus naturels possible.
La première rencontre est celle avec les sangliers, un incontournable de nos belles forêts… On enchaîne ensuite sur quelque rapaces nocturnes, pour arriver sur ma plus grosse attente, les loups.
Et la surprise est de taille. Je ne remarque aucun signe d’ennui ou de mal-être du début à la fin de la promenade. Que du contraire : les animaux jouent, galopent, font leur sieste ou sont curieux avec l’objectif de l’appareil… Je ne vais pas dire que j’ai pris du plaisir à les voir « enfermés » là, mais en parlant avec une gardienne, j’apprends que le personnel n’approche jamais les animaux, afin de les garder « sauvages ». Je trouve ça super. L’espace dédié aux Lynx est d’ailleurs tellement énorme que nous ne les apercevons pas ! Il a fallu pour les observer attendre de retrouver plus loin un enclos moins vaste dédié à deux autres de ces magnifiques félins en fin de vie que l’on isole afin de leur offrir tranquillité et quiétude.
Il est donc bien loin le temps de la « Zoochose » causée par l’ennui, la frustration ou le stress et se traduisant par des mouvements de bascule, de balancement, l’auto-mutilation, le léchage excessif, le nettoyage continuel, le fait de mordre les barreaux, le fait de tourner en rond ou de marcher sans cesse, le fait de mâcher sans cesse, ou de tordre son cou, de même que les habitudes alimentaires anormales, par exemple l’anorexie, les vomissements, régurgitations, et j’en passe !
Jamais là-bas je n’ai pu observer tel phénomène.
Et plus j’avance, plus je me dis que l’ensemble n’a rien d’une « vulgaire vitrine à animaux ». Les panneaux didactiques sont intéressants et variés, les zones sont aménagées pour les visites mais les concepteurs ont réussi à garder un caractère naturel à l’endroit, notamment avec des clôtures discrètes. Quelques fois, on se retrouve presque nez à nez avec le gibier qui gambade dans ces grandes étendues…
Et après un passage le long de la grande prairie en fond de vallée, remplie elle aussi de gibier plus familier, nous arrivons à la tanière des ours.
Quand je vous parlais de sérénité… 🙂
Des valeurs remarquables
Outre le fait que l’animal semble en parfait accord avec son élément, il est agréable de se dire que la plupart ont été recueillis et soignés après accident, blessure ou mauvais traitement et sont incapables de vivre à l’état sauvage. Le domaine s’est aussi fixé trois grandes missions qui lui tiennent particulièrement à cœur et dont je suis assez sensible :
- La préservation et la réintroduction d’espèces menacées, telles que le bison d’Europe, le cheval de Przewalski, le glouton, l’ours brun mais aussi, des espèces reconstituées suite à leur disparition comme l’aurochs et le tarpan.
- La conservation du patrimoine naturel en faisant partie depuis 2012 du « Réseau Nature » de Natagora. À cet effet, elle a conclu un certain nombre d’engagements en matière de gestion écologique du territoire et mène plusieurs projets en partenariat avec l’association.
- La sensibilisation du public à l’importance de la préservation de la nature et des animaux sauvages vivant dans nos régions ainsi que leur rôle dans nos écosystèmes.
Le Cœur de l’Ardenne
Une fois le domaine arpenté, nous nous dirigeons ensuite vers l’entrée d’une grotte.
Il faut savoir qu’il y a plus de 500.000 ans, la Lesse, une rivière coulant dans ces confins de l’Ardenne, quittait sa vallée naturelle pour s’enfoncer au cœur d’un massif calcaire pour en ressortir 2 km plus loin, après l’avoir traversé de part en part. De cette façon, elle contribua à la formation d’un réseau extraordinaire de grottes souterraines, les Grottes de Han. Ce phénomène, de perte et résurgence de la rivière, est un des rares en Europe occidentale.
Initiation à la spéléo
On nous propose alors une initiation à la spéléologie, qui va me permettre de retrouver des sensations d’exploration souterraine que je n’avais pas pu vivre depuis un moment, ayant pratiqué pendant 6 années cette discipline riche et instructive, porteuse de valeurs comme l’introspection, l’audace, le développement corporel et le dépassement de soi…
Bottes, casque, lampes et combinaison nous sont prêtés à l’entrée. Je savoure chaque moment de « l’exploration » d’un petit réseau annexe à celui de la grotte touristique « traditionnelle ». Après un temps d’adaptation à l’obscurité, on évolue alors dans des galeries à l’ambiance mystérieuse et propice aux légendes. Le tout en s’accroupissant, en rampant et en glissant dans la boue apportée par les crues de la Lesse. Si vous avez peur de vous salir, cette activité n’est pas faite pour vous 😉
Visite de la grotte
Après cette mise en bouche, nous rejoignons en l’entrée de la fameuse grotte pour découvrir une partie du réseau souterrain réputé, pour un parcours de près de 4 kilomètres. Encore une fois, mes souvenirs étaient vagues et je pénétrais dans les abîmes sans attente particulière.
Et puis ce fut le coup de foudre…
Tout a été remanié, de l’éclairage au sentier parcourant les galeries. C’est propre, intelligemment éclairé (led) et l’ensemble est juste majestueux.
Au fil des salles et des fabuleuses concrétions, je m’isole à l’arrière du groupe de visiteurs avec Alex pour me laisser aller à des émotions mélancoliques. Le fait est que je me rends compte que j’avais laissé partir ces souvenirs d’enfant pour les remplacer par d’autres et je me rends compte que j’ai beaucoup de chance d’avoir eu le luxe de pouvoir le faire. Une chance aussi de (re)vivre ces instants de magie au cœur de cette belle Ardenne, emprunte de Rêve et d’Enchantement. Des valeurs importantes dans une démarche de découverte et d’exploration dont jamais je ne ma lasserai… Je profite d’ailleurs de ces quelques mots pour remercier mon papa d’avoir pu me les transmettre aux travers de toutes ces aventures passées.
Le chant du roi de nos forêts
Le domaine propose aussi de découvrir le brame du cerf, qui de mi-septembre à mi-octobre environs, fait résonner d’un cri rauque et caractéristique les forêts de nos contrées afin de pouvoir gagner l’opportunité de séduire les biches… Simplifié ici au maximum, cet instant privilégié et d’une rare émotion est accessible dans le parc avec des camions safari ouverts, ceux-là qui servent aussi aux visites commentées dans le parc.
Nous avons testé les deux formules proposées : une le soir plus populaire et destinée à un public familial (suivi d’un repas-buffet au restaurant du parc « Le Pavillon »), et une à l’aube, plus intimiste et destinée aux grands amoureux de la nature et/ou aux photographes, par exemple.
C’est définitivement la deuxième formule qui nous a le plus plu. Malgré le froid matinal, nous avons pu observer au loin un gibier qui semblait s’être approprié le parc. Photographes amateurs que nous sommes Alex et moi, nous avons vraiment apprécié cette matinée à l’affût des animaux que nous n’osions pas déranger et que nous tenions à distance, comme si nous étions en pleine nature.
Ce fut une occasion supplémentaire de nous rendre compte de l’étendue des espaces et de la passion des membre du personnel aussi bien chauffeurs, guides que soigneurs.
Deux dernières surprises : la rencontre avec les gloutons, autrefois appelé Wolvérènes et qui sont des mammifères de la taille d’un petit ours au régime alimentaire omnivore à dominance carnivore. Ils sont très rares et le Domaine participe au Programme d’Elevage Européen de cette espèce entre autres. Un petit air de Hugh Jackman, ou pas. 🙂
Sans oublier les chevaux de Przewalski du nom de l’officier qui en 1879 découvre le dernier troupeau de ces chevaux sauvages asiatiques, à la frontière de la Mongolie et de la Chine dans des steppes difficilement accessibles. Les quelques exemplaires placés dans des zoos ont permis de sauver la race. Actuellement, on les réimplante en semi-liberté dans des réserves.
En pratique
Retrouvez toutes les informations pratique ici, comme les périodes et heures d’ouvertures, mais aussi les tarifs et accès. Notez que le domaine propose aussi d’autres activités que celles décrites dans cet article toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Se restaurer
Le Domaine des Grottes de Han propose différents lieux de restauration et de pic-nic. De l’en-cas rapide au menu 3 services, découvrez leur éventail de formules pour satisfaire vos envies gourmandes lors de votre visite. Nous avons très bien mangé au Pavillon.
Dormir
Nous avons effectué cette découverte en 2 jours consécutifs. Nous avons donc logé dans un hôtel hors du domaine, le fabuleux Saint Hadelin situé à une vingtaine de minutes de là. Le domaine propose aussi un camping à proximité, un village de vacances, des gîtes, hôtels, chambres d’hôtes, … Découvrez aussi la « Nuitée trappeur » qui vous permettra de séjourner dans un chalet rustique, à quelques mètres seulement des ours, au cœur du parc animalier.
Je remercie chaleureusement le Domaine des Grottes de Han et plus particulièrement Pauline pour cette belle surprise et cette découverte mémorable. Même si nous étions invités, j’ai (comme d’habitude) gardé la totale liberté sur mes propos.
Je suis ravi d’avoir pu redécouvrir l’endroit aux travers mes yeux d’adulte. Il a pu me réconcilier avec les parcs animaliers. En espérant que les autres emboitent le pas et s’armant d’une personnel attentif et passionné comme peut en jouir le Domaine des Grottes de Han, au grand bonheur des animaux mais aussi finalement des visiteurs…
Nous avons ici « entre nos mains » une nature riche et variée subtilement mise en avant dans un territoire empreint de valeurs sauvages et authentiques, finalement fidèles et en parfaite harmonie avec l’Ardenne qui l’abrite.