Début mai, j’ai eu le privilège de tester en avant-première une partie d’un nouvel itinéraire pédestre balisé intitulé « Entre Lesse et Lomme ». Cette boucle de 78 km évolue à travers la Grande Forêt de Saint-Hubert, un des plus gros massifs forestiers du royaume.
Voici mon expérience, j’espère qu’elle te plaira et te donnera envie de prendre ta tente (ou ton hamac) et ton sac à dos pour aller tester cette superbe initiative ardennaise… 😉
IDÉE RANDO ITINÉRANTE :
une boucle 78 km et 3 bivouacs dans la Grande Forêt de Saint-Hubert
La Grande Forêt de Saint-Hubert est un de mes territoires d’aventures préférés en Belgique. L’ambiance ardennaise y est omniprésente, que ce soit par le dense massif sylvestre qui imprègne le paysage vallonné ou par l’accent et le caractère rustique légendaire des gens qui y vivent… Comme tu as pu le voir dans quelques articles sur ce blog, nombreuses sont les possibilités de randonnées au cœur des terres de légendes.
78 km en autonomie, le pied !
Mais si il y a bien une chose que j’attendais, c’est ce genre de « cadeau venu du ciel ». L’itinéraire Entre Lesse et Lomme est en effet une nouvelle initiative établie dans la volonté de proposer un itinéraire à faire sur 3 jours (ou moins si tu marches comme un acharné), avec sur son tracé 3 aires de bivouac aménagées où tu peux établir un campement pour la nuit sans risque de te faire verbaliser (tant que tu fais ça dans les règles du lard de l’art : ne laisser aucune trace, pas de feu hors des zones prévues, pas plus d’une nuit au même endroit).
Que demander de plus ? 🙂
Pour rappel, le camping dit « sauvage » est interdit en Belgique. Ces aires sont donc accessibles dans le respect du code forestier et du règlement spécifique signalé sur chacune de celles-ci !
Il est aussi important de RAPPELER qu’il n’est pas donné à tout le monde de savoir marcher 25 km par jour, sans réel accès à un point d’eau potable et en bivouaquant en forêt. S’engager dans ce PARCOURS dans son entièreté se fait donc en juste CONNAISSANCE des risques que cela implique.
En pratique
Le parcours « Entre Lesse et Lomme » longe presque entièrement les frontières de la commune de Libin et est balisé dans un seul sens (le sens des aiguilles d’une montre) par un rectangle vert accompagné du logo de la Grande Forêt de Saint-Hubert. Facile !
33 points de repère
Ils sont placés sur la boucle de 78 km. Ces points de repère sont numérotés de 1 à 33, au départ du hameau de Lesse. Certains points de repère sont aussi nommés par une lettre. Cette lettre indique l’initiale du nom du village que le randonneur peut rejoindre en empruntant la liaison-village partant du point de repère en question. Pratique !
Exemple : le point de repère « 3-R » indique qu’il s’agit du 3ème point de repère et qu’une liaison-village en direction de Redu part de ce point.
16 liaisons-villages
Elles te permettent de relier la boucle de 78 km aux 8 villages de la commune de Libin (Redu, Transinne, Smuid, Libin, Glaireuse, Ochamps, Anloy et Villance). Ces liaisons ne sont pas balisées. Le road-book est donc indispensable pour emprunter les liaisons-villages dans les 2 sens (vers le centre des villages et vers la boucle de 78,22km). Il est ou sera bientôt disponible à l’Office du Tourisme de Libin ainsi qu’à la Maison du Tourisme de la Forêt de Saint-Hubert.
Plusieurs points de départ sont donc possibles : les 33 points de repère sur la boucle de 78,22 km ou le centre de chacun des 8 villages. Cependant, le point de repère « 1-R » situé dans le hameau de Lesse est défini comme point de départ officiel de la boucle de 78 km. C’est d’ailleurs de là que je suis parti en compagnie de Pierre et Sébastien, deux camarades qui m’avaient déjà accompagné lors d’un précédent bivouac au pied des Hautes-Fagnes.
3 aires de bivouac
Comme je l’ai signalé plus haut, les aires de bivouac sont disposées de façon à pouvoir faire la boucle en 3 jours (avec +- 25 km de randonnée par jour). Par soucis de discrétion et pour éviter tout usage abusif de ces aires par des non-randonneurs, je ne donnerai pas l’emplacement précis de ces aires mais uniquement la situation sur le tracé. Il te faudra donc parcourir les sentiers pour les découvrir… 😉
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- Aire de bivouac de « Virée à Chêne« . Ce lieu est situé entre les points de repère 32 et 33-T.
- Aire de bivouac du Biolin (Km 25,6), située en pleine forêt, c’est celle que nous avons testée. Equipements : kiosque couvert, coin feu, grille barbecue, table de pique-nique.
- Aire de bivouac du Bois du Banè (Km 49), la plus « sauvage » et isolée des trois. Equipements : coin feu (pas de grille barbecue !), banc.
Edit : Il est désormais interdit de se garer entre 22h et 6h sur le parking de Lesse. L’organisation renvoie les randonneurs vers d’autres parkings.
- Si le randonneur souhaite débuter sa randonnée par 1 journée de marche (25 km) :
Il peut garer son véhicule sur le parking situé à Redu (Rue de la Prairie) à l’entrée du village. Et rejoindre le point de départ du circuit (1-R / Lesse) via un petit sentier fléché. Ce parking est situé à 1,5 km de Lesse.
- Si le randonneur souhaite débuter sa randonnée par 1 nuit au bivouac :
Il peut garer son véhicule sur le parking situé au point de repère « 32 / Fau Mayau », sur la route N899. Ce parking permet de rejoindre, à pied, l’aire de bivouac « Virée à Chêne » qui est située entre les points de repère 32 et 33-T. Ce parking est situé à 6 km de Lesse (1-R / Lesse).
On peut dire que le parcours « Entre Lesse et Lomme » offre donc trois possibilités :
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- quelques heures de balades en empruntant les liaisons-villages,
- plusieurs jours de randonnée en autonomie en profitant des aires de bivouac aménagées en forêt,
- ou avec plus de confort en séjournant dans les hébergements situés aux alentours du parcours.
Documentation
NOUVEAU : Une carte IGN de l’itinéraire global est disponible depuis mai 2019 à l’Office du Tourisme de Libin ainsi qu’à la Maison du Tourisme de la Forêt de Saint-Hubert au prix de 8€. On y retrouve, au recto, les 17 promenades pédestres et les 3 promenades VTT de Libin et au verso, l’itinéraire « Entre Lesse et Lomme ».
Le dépliant promo est distribué gratuitement dans différents endroits pour promouvoir le circuit.
Un road-book est également disponible ainsi qu’un site officiel.
Le site web de la commune de Libin proposera bientôt une page spécifique « Entre Lesse et Lomme » avec toutes les réponses aux questions fréquentes (FAQ). Il est important pour les concepteurs d’avoir un endroit avec toutes les réponses aux questions « pratiques ».
CADEAU : La TRACE GPX de la boucle de 78 km (et ses 16 liaisons-villages) sont également téléchargeables gratuitement sur ton smartphone via l’application « Promenades à la carte ». (www.lagrandeforetdesainthubert.be)
Alors, heureux(se) ? 🙂
Mon expérience & avis
Accompagné de Pierre et Séba, j’ai démarré la randonnée de Lesse, l’ancien point de départ officiel du parcours. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre et j’ai directement été agréablement surpris par la qualité du balisage. C’est propre, clair et efficace. La vallée sauvage de la Lesse est aussi une belle surprise…
Ses berges sont agréables et le sentier qui les longe l’est tout autant.
Au fil des kilomètres, le tracé alterne les ambiances.
Nous n’avons pas vu grand monde durant les 25 km de cette « première étape » et nous n’avons quasi jamais « rejoint la civilisation ». Une seule fois, nous avons longé une route pour retourner directement dans la forêt.
Nous avions vraiment l’impression d’être dans des contrées inhabitées…
Pour être honnête, cela m’a beaucoup plu : cela change des itinéraires plus classiques qui passent dans de nombreux villages et qui sont parsemés de routes goudronnées (qui chauffent les plantes des pieds).
L’arrivée au bivouac fut un moment assez excitant. Même si je connaissais l’endroit, je ne savais plus trop ce que nous allions trouver. L’aire de bivouac du Biolin (Km 25,6) est située en pleine forêt mais malheureusement à une cinquentaine de mètres de la route. Même si celle-ci n’est pas très fréquentée, cela casse un peu le charme et surtout, cela permet à n’importe quel non-randonneur de pouvoir venir passer la soirée/nuit sur place.
Surtout que l’aire est parfaitement aménagée. Un peu trop peut-être ? Kiosque couvert, coin feu, grille barbecue, table de pique-nique, cabane de chasseur, tout y est ou presque. Je n’ai en effet pas vu de point d’eau. D’après l’organisation, les autres aires sont moins aménagées, ce qui leur donnent un cachet plus « sauvage ». Sois certain que je ne manquerai pas d’aller constater cela dès que possible :p Je ne manquerai évidemment pas de te tenir au courant…
Le mot de la fin…
Même si le territoire belge propose déjà quelques rare aires de bivouac, j’attendais avec impatience ce genre d’initiative en Grande Forêt de Saint-Hubert. Quand autour d’un bon breuvage ardennais on m’a parlé de ce projet, j’ai directement été intéressé et j’ai même eu l’honneur de pouvoir donner mon avis pour ensuite tester le concept en avant-première.
L’accès à la nature est selon moi primordial, voire vital dans mon cas, et la randonnée que je pratique maintenant depuis plus d’une dizaine d’années est un moyen efficace de m’immiscer « dans la Verte » et en tirer tous les bienfaits. Et tu t’en doutes, ils sont nombreux ! Mais bivouaquer, que ce soit en montagne ou en forêt, apporte une toute autre dimension à l’expérience. Depuis la nuit des temps, l’homme dort sous des abris pour la plupart qu’il confectionne lui-même. Quand après une jolie randonnée j’établis un campement pour la nuit, une sensation de liberté m’envahit. L’opportunité de contempler un coucher de soleil, de t’endormir à son rythme et de te lever avec les premiers chants des oiseaux est devenu par la force des choses une aubaine de nos jours. Des moments simples devenus rares que je l’efforce de vivre encore, le plus souvent possible t puis il y a aussi la convivialité d’un bivouac si vous êtes à plusieurs, ces moments d’échanges, de bonne humeur et de bien-être…
Lorsqu’on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses.
Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements.
(Sylvain Tesson, « Dans les forêts de Sibérie »)
Le massif de la Grande Forêt de Saint-Hubert était donc l’endroit idéal pour vivre ce genre d’aventure et les initiateurs du projet l’ont bien compris. Dense, sauvage et majestueux, il a en effet toutes les qualités requises pour proposer un produit authentique et original, accessible à tous grâce à la polyvalence de son système de liaisons.
Si on ajoute à cela des hébergements accueillants et de qualité tels que l’Ardenne peut en proposer, on obtient une formule qui selon moi va rencontrer un vif succès et dynamisera davantage une région déjà remplie de trésors et de surprises.
Randonneur et amoureux de l’Ardenne, je tiens à saluer toutes les personnes qui ont de près ou de loin contribué à l’élaboration de ce projet audacieux et je remercie la Grande Forêt de Saint-Hubert pour la confiance dont j’ai pu bénéficier dans mise sur pied de cette belle aventure.
Mon sac est prêt et je dois vous laisser, j’ai encore deux étapes à découvrir… 🙂
P.S. : Si cela t’intéresse, je te donne ici 20 conseils pour un bivouac au top !
La vidéo
https://www.facebook.com/trekkingetvoyage/videos/2097415390292179/
Cet article a été rédigé en partenariat avec l’équipe de la Grande Forêt de Saint-Hubert. Je remercie en particulier Stéphanie et Philippe pour les aspects plus pratiques de l’organisation. Mes propos restent cependant (et comme toujours) sincères et objectifs.
J’ai adoré cette randonnée, je te rejoins complètement sur l’impression de parcourir des contrées inhabitées ! Un réel dépaysement. J’ajouterais simplement que le parcours n’est pas simple d’accès en toute saison, les sentiers longent souvent l’eau et sont souvent inondées. Personnellement, cela ne m’a pas dérangée nous avons escaladé les côtés des berges et sauté par dessus les mini-torrents rencontrés. Ça rajoute du piquant ! Nous avions aussi vérifié les horaires de la chasse bien présente sur le parcours. (Randonnée entre Noël et Nouvel An 2019)
Very nice read. Would love to travel to this place soon too once the coronavirus issue is over.
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Salut !
On avait essayer de faire cette rando en novembre dernier, bien mal nous en a pris, les chasseurs étant à l’affût.
Le déconfinnement arrivant et le besoin mortel de me retrouver dans les bois me titillant, je compte retenter l’expérience la semaine prochaine.
Cette randonnée à l’air exceptionnelle, je ne me serait jamais attendue à en voir de telles en Belgique mais un point m’inquiète (un peu). J’ai l’habitude de marcher dans les pays nordiques où je n’ai jamais eu de problème à trouver de l’eau. Je me balade toujours avec quelques tablettes de micropur dans mes poches et je me demandais ce que tu pensais de la ‘buvabilité’ des cours d’eau.
Merci pour ta réponse !
PS ta citation de Sylvain Tesson est la cerise,.. Nay la pépite sur le gâteau ! Je répondrai par celle ci :
« Une fuite, la vie dans les bois ? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l’habitude donnent à l’élan vital »